Septembre 2022 – VAGABONDAGE ESTIVAL

Quelle merveilleuse sensation de libérer une châtaigne qui vient d’éclater de sa bogue et de l’emporter dans sa poche ! Cette douceur, cette fraîcheur sont uniques – le premier jour de l’automne en plus. L’été est donc terminé: temps pour un bilan.

CORFOU 6ème

Ma meilleure amie et moi, nous partons une fois de plus quand tout le monde rentre, le 31 Août. C’est déjà jouissif ! Mais savoir que nous atterrirons dans notre Île préférée l’est encore plus. Et pour couronner le tout dans un nouvel appartement, deux fois plus grand que l’ancien, situé exactement au centre de la magnifique baie d’Agios Georgios Pagon. Cela change tout ! Seuls 30 mètres nous séparent de la plage et, grâce aux fenêtres ouvertes équipées de moustiquaires, nous pouvons nous laisser bercer par le bruit de la mer. Pour moi, c’est unique ! Agréablement aménagé de façon moderne, avec de hauts plafonds, notre « rooftop » nous plaît d’emblée, d’autant plus que nous sommes accueillies par une coupe de fruits et une bouteille de très bon rosé par Katerina. Elle gère avec sa fille Angeliki la location des appartements BLUE HEAVEN, qui porte bien leur nom. Le ciel est celui d’une carte postale.

La vue sur la baie, la mer et les montagnes est fabuleuse ! Que ce soit à sept heures du matin au lever du soleil ou au petit-déjeuner deux heures plus tard. Nous devons malheureusement le partager avec les guêpes, mais c’est ainsi ici, tant pis.

Bien sûr, une telle vue a un prix – pas tant en euros qu’en marches ! Il y en a tout de même 48 de la rue jusqu’à notre étage et encore 30 jusqu’en bas de la plage – et ce au moins deux fois par jour. Bon exercice pour mes jambes. A la fin des vacances, j’aurai grimpé plus de 1500 marches !

Le complexe est aménagé avec style : des palmiers, des lauriers roses et une terrasse agréable pour les locataires des petits appartements, qui ne sont pas aussi gâtés que nous 😊

Juste en dessous se trouvent un petit supermarché ainsi que « notre » restaurant, qui s’appelle également Blue Heaven (géré séparément des appartements). Dès le premier soir, le propriétaire Spyros nous fait gentiment un tarif préférentiel de seulement 8 € par jour pour deux chaises longues et un parasol en paille sur la plage. A côté, ils coûtent 12 ! Pour les 40 € ainsi économisés en dix jours, nous prenons chez lui notre premier dîner typiquement grec et dégustons avec plaisir le retsina. Mais « seulement » au deuxième rang, car les places directement près de la rambarde sont toutes réservées. Nous n’aurons cet honneur qu’au troisième essai. En revanche, nous avons la chance de pouvoir humer chaque matin sur notre terrasse l’odeur des plats qui seront servis le soir-même.

La cuisine est toujours aussi bonne et copieuse dans tous les restaurants, même si elle est devenue un peu plus chère qu’en 2020. Chez DIXTIA, je savoure quand-même encore un magnifique bar frais ou une dorade avec salade et frites pour seulement 17 €, ça ne se trouve plus nulle part en France. Mais ici aussi, les plats grecs sont malheureusement un peu marginalisés au profit des  » burgers « …

Dès le deuxième soir, nous avons décidé de ne commander qu’un plat principal pour deux et de préférer des petites choses autour (la fameuse salade grecque, des haricots blancs, du zaziki), car sinon nous reviendrions tous les deux avec deux kilos de plus. Et ça, pas question ! En effet, dès le premier jour à la plage, nous constatons que nous faisons toujours partie des plus minces dans notre catégorie d’âge et nous voulons que cela continue.

Cette année, pas de virées sur l’Île en voiture, juste la baignade, le bronzage, la lecture et le repos figurent à notre programme. Nous sommes également heureuses de ne pas comprendre le grec et évitons tout ce qui pourrait nous rappeler la guerre en Ukraine, les incendies de forêt, le manque de pluie, le changement climatique et l’inflation… Les premiers jours se passent ainsi à strictement ne rien faire. C’est incroyable comme on s’y habitue vite !

Le soir, nous allons dormir avec les poules, ce qui nous convient très bien. Une seule fois, nous sommes réveillées brutalement à trois heures du matin par ce que nous semble être un coup de canon. C’est suivi d’un orage d’une violence inouïe, qui dure deux heures et qui est pratiquement tropical – il n’est plus question de dormir…

Le lendemain matin, nous étudions les options qui s’offrent à nous pour pouvoir manger une fois de plus au  » Fisherman’s « , de l’autre côté de la baie (voir le chapitre Corfou de 2020). Une voiture normale ne peut pas circuler sur la route qui est en très mauvais état. On nous propose 50 € avec un SUV- pour 20 minutes de trajet. Merci bien! En comparaison : le trajet en taxi de l’aéroport jusqu’ici prend presque une heure et coûte 60 €. Aller au restaurant à pied est exclu, car c’est trop loin (nous l’avons fait une fois il y a une quinzaine d’années, avec une grosse lampe de poche et un sentiment de malaise au retour dans une forêt très sombre).

La traversée en bateau ne nous coûterait  » que  » 40 €. Mais nous ne sommes ni l’une ni l’autre enthousiastes à l’idée de devoir débarquer et embarquer entre des rochers. En passant par hasard devant l’office du tourisme flambant neuf nous trouvons notre bonheur. La serviable Theodora (mère d’une fillette rigolote) appelle le jeune Nikos, qui n’est pas mécontent de nous faire faire l’aller-retour le lendemain soir pour 25 €. Il est vraiment sympa mais veut qu’on l’appelle Nick, ce qui est évidemment plus cool. Il nous raconte qu’il s’occupe de la location des voiliers dans la baie en été et qu’il aide dans les bars d’Athènes de novembre à avril, car en hiver « tout est mort ici ». Son rêve serait de se mettre à son compte et nous lui souhaitons d’y parvenir.

La nourriture et l’ambiance générale – y compris le patron grognon et la jeune serveuse charmante – sont comme à chaque fois uniques et nous nous régalons pendant deux heures. Pour notre plus grand plaisir, la musique grecque est de nouveau à l’ordre du jour dans presque tous les restaurants – ce qui n’était pas le cas il y a deux ans. Nous constatons également avec soulagement qu’en 21 ans, rien n’a vraiment changé dans cette baie – et si c’est le cas, c’est en faveur des Grecs. Nous trouvons cela très réconfortant.

Après huit jours, nous sommes en forme. Nous nous baignons deux fois par jour et faisons notre propre aquagym inventée en rigolant. Que la vie est belle ! À midi, nous mangeons sur la plage de délicieux raisins rouges, des mirabelles et des pêches. – mais pas de Donughts, bien que le Grec passe chaque matin devant nous en criant. Une fois, une femme qui nous semble être très vieille, marche péniblement sur le sable avec un panier rempli de figues, de pêches et de poires. Ces dernières sont toutes trop dures, mais je lui achète ses figues malgré leur prix élevé, car j’ai trop pitié de cette femme. Et les fruits sont particulièrement bons. 

Ah, au fait, l’âge : hier soir, nous étions chez « Papa Nausicaa », qui est exactement le même qu’il y a deux ans, quand il nous avait annoncé qu’il prenait définitivement sa retraite. Oui, mon œil, ses Keftedes sont toujours les meilleurs de la baie et quand je lui demande quel âge il a maintenant, il me regarde avec un sourire malicieux et me dit : Sixty-nine !  C’est mignon, parce qu’il y a deux ans, il en avait déjà 68….!

Et pendant que je contemple la mer Ionienne scintillante par-dessus mon livre à la plage, je m’en souviens d’une autre à laquelle nous avons rendu visite en juin.

LA BAIE DE LA SOMME

Beaucoup de nos amis et connaissances parisiens s’étonnent depuis des années en disant : « Quoi ?? Vous ne la connaissez pas ? Mais il faut absolument y aller, c’est vraiment génial, une réserve ornithologique et des phoques »! Alors allons-y ! Nous réservons un appartement à SAINT-VALERY-SUR-SOMME. Après un départ très long pour sortir de Paris – il y a des travaux partout, au secours! – nous roulons sur des départementales relax, direction nord-ouest vers la Manche. Peu de circulation, mais aussi peu de monde dans les villages, qui ne nous frappent pas par leur charme. On a le sentiment qu’ici n’importe quelle célébrité peut se mettre au vert sans la moindre difficulté.

Au TREPORT nous nous arrêtons et dégustons un plat de moules et un plateau de fruits de mer au soleil et avec délice. Je n’en aurai jamais assez, c’est définitivement mon plat préféré.

Ensuite, nous baguenaudons jusqu’à la ville médiévale de Saint-Valéry. Le charme de la ville, qui s’est construite exactement à l’endroit où la Somme se jette dans l’immense baie, se dévoile dès la première promenade le long de la rivière.

Tout de suite, nous rencontrons le train à vapeur que nous prendrons demain pour faire le tour de la baie. En fait, ce trajet est l’une des principales attractions ici, avec les bancs de phoques et le PARC DU MARQUENTERRE.

Comme nous sommes presque les premières à nous présenter à la station le lendemain matin, nous pouvons choisir le wagon dans lequel nous souhai-tons voyager et c’est vraiment un plaisir de se croire un enfant dans son propre petit train.

Les bancs en bois sont magnifiques, même s’ils ne sont pas forcément confortables – il faut toutefois garder à l’esprit que nous ne voyageons qu’en « 3ème classe » et que ce train a été mis en service à la fin du 19e siècle. Il transportait les baigneurs de l’arrière-pays vers la mer, d’où il ramenait poissons et moules.

Ce sont tous des bénévoles qui s’occupent du train de mars à décembre. Ils se sont vaillamment battus contre sa fermeture dans les années 60 et ont fondé leur association à but non lucratif. Tout l’argent qui rentre par la vente des billets est consacré à la restauration et à l’achat de nouveaux wagons et locomotives.

Nous traversons un paysage de bocage verdoyant, avec de grands espaces, des moutons qui paissent, des zones marécageuses, des marais salants, – on peut soit le trouver sans relief, soit monotone. En tout cas, il nous rappelle beaucoup l’arrière-pays de la côte baltique.

Arrivées à LE CROTOY, nous déjeunons sur la terrasse d’ un petit bistrot, puis nous nous baladons encore un peu dans ce joli village avant de reprendre la route, direction LA POINTE DU HOURDEL. Une grande colonie de phoques s’est réinstallée dans cette zone, après avoir été presque menacée d’extinction dans les années 50. Le territoire des phoques (qui ne sont pas idiots et se tiennent poliment juste à portée de vue des jumelles) se trouve au moins à 3 km sur les bancs de sable de la baie. Nous restons 10 minutes pour écouter les explications des jeunes spécialistes de la faune qui suivent une formation ici. Le vent s’est levé en cette fin de journée et la mer ressemble beaucoup à la mer du Nord. J’avoue que je préfère la chaleur de la mer Méditerranée ou de la mer Ionienne.

Pour finir, nous faisons un petit crochet par CAYEUX SUR MER, où le soleil a la gentillesse de revenir brièvement pour éclairer les jolies cabines de bain de l’immense plage.

Pour notre dernière matinée, nous nous rendons à la pointe nord de la baie, au PARC DU MARQUENTERRE. Avec ses 7.200 hectares, la Baie de Somme est le plus grand estuaire du nord de la France et un lieu de repos apprécié des oiseaux migrateurs en route vers des contrées plus chaudes. Elle sert également de lieu de reproduction pour des espèces rares en Europe, comme le grand butor. Le parc terrestre et ornithologique a ouvert ses portes en juillet 1973 et reste aujourd’hui un lieu de pèlerinage important où les visiteurs viennent de près et de loin pour découvrir ce que l’on ressent dans cette réserve naturelle d’oiseaux – avec plus de 500 sites de nidification ! Nous trouvons le site merveilleux et sommes ravies !

Pour cette journée, nous avons mis nos chaussures de marche et pris les bâtons dont nous avons besoin pour la marche nordique. Depuis fin mai, nous prenons des cours dans le bois de Vincennes avec notre coach Bruno Ruslier qui a fondé l’Ecole Marche Nordique Paris. J’ai tout de suite été conquise, car les deux bâtons me donnent un appui et je peux enfin marcher sans avoir peur de tomber. Un vrai bonheur ! Les débuts sont bien sûr difficiles – tout cela est épuisant pour moi – mais Bruno m’encourage énormément et nous rions beaucoup. C’est toujours bon signe.

Arrivées au Parc, nous devons faire un choix entre trois parcours de 45 minutes, une heure et demie ou plus de deux heures. Je n’ose pas encore le troisième, mais trois quarts d’heure, c’est le parcours des enfants, alors nous prenons celui du milieu. Tout d’abord, nous montons lentement mais sûrement une colline. Arrivées en haut, nous avons une vue magnifique sur une partie du site, un lac et, derrière, la mer. C’est beau !

Le sympathique jeune homme de la photo nous montre une cigogne en train de couver. Il y a des abris partout, dans lesquels nous pouvons observer les oiseaux sans être repérées par les animaux.

Les chemins sont bien entretenus et il n’y a pas beaucoup de monde, on ne se gêne pas. Les gardiens, jeunes pour la plupart, sont tous convaincus de leur mission et je comprends très bien les oiseaux qui s’installent ici, de passage ou pour plus longtemps. Pas étonnant non plus que le parc soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Aux deux tiers du chemin environ, arrive la plus belle section pour moi, à savoir cette allée enchanteresse qui me donne immédiatement envie de faire d’autres et plus longues randonnées.

METZERAL

Cette idée ne me quitte pas et, arrivée à Paris, je commence à naviguer sur Internet. Un heureux hasard me fait trouver de suite un magnifique gîte dans le sud des Vosges et seulement 5 semaines plus tard, nous nous retrouvons dans la VALLÉE DE MUNSTER.

Quelle chance ! Non seulement l’appartement est aussi beau et fonctionnel que sur les photos, mais la vue qu’il offre sur le village et la vallée est tout aussi ravissante.

Nous nous installons et partons dès le lendemain matin – le jour le plus chaud de l’année jusqu’à présent ! – pour notre premier petit tour.Ce qui est bien, c’est que nous pouvons partir à pied depuis la maison et que nous n’avons pas besoin de voiture. Les cartes préparées par notre hôte M. Wendel pour les circuits sont également très utiles. Nous commençons doucement : seulement 70 m de dénivelé le long du joli chemin qui longe le ruisseau FECHT. Nous montons au monument de l’ours – le dernier ayant été tué par un paysan local en 1760.

La vue sur la montagne HOHNECK est magnifique, tous les monts ici sont ronds et accueillants ! Après une heure et demie par cette chaleur, nous sommes épuisées et nous nous retirons dans nos chambres à coucher – chacune a son pommier devant sa fenêtre.

Le lendemain, nous nous rendons au marché de MUNSTER et sommes enchantées de voir au centre, sur le toit de la mairie, tellement de cigognes – nous n’en avions jamais vues autant! L’Alsace et les cigognes, ça fait carte postale mais ça nous plaît. Bien sûr, nous devons aussi goûter à l’Edelzwicker (il est tellement bon que nous en ramènerons quelques bouteilles à la maison). Mais nous préférons laisser le fromage maison/de montagne, ou quel que soit le nom du Munster, aux habitants du coin….

L’après-midi, je commence à préparer notre randonnée pour demain. Je souhaite aller dans la direction opposée à celle d’hier – et que nous montions deux fois plus ! – pour que nous ayons une bonne vue d’ensemble de notre vallée. Mimi est d’accord, même si j’ai l’impression qu’elle s’inquiète un peu de savoir si je vais y arriver. Moi aussi, je le suis. Mais allons-y, nous verrons bien – grâce aux bons conseils de Bruno en ce qui concerne une vraie montée/descente en montagne, je ferai très attention. Nous prenons la voiture jusqu’à la gare et partons en randonnée le long de la Fecht jusqu’à la carrière avec une belle vue sur l’église de MUHLBACH.

Nous montons lentement par un beau et large chemin, passons devant l’étang de pêche, puis il n’y a plus que la magnifique forêt mixte de mon enfance dans le Harz, avec un geai qui vient gentiment passer me saluer par là et – le chant des oiseaux! Nous ne rencontrons personne avant d’arriver en haut. Bien sûr, je suis souvent à bout de souffle, je n’ai plus l’habitude. Mais j’ai tellement de plaisir à admirer la nature qui m’entoure que cela m’est complètement égal. Et la vue de là-haut vaut vraiment l’effort. Je suis heureuse, comblée !

La descente de ce circuit me donne par contre du fil à retordre et j’arrive en bas les jambes tremblantes. Mais je ne suis pas tombée, grâce à l’épaule secourable de Mimi. C’est donc euphorique que je fais de nouveaux projets pour la randonnée du surlendemain. La description du FISCHBÖDELE, un étang datant de l’ère glaciaire, est en effet très alléchante. Il y a toutefois 300 mètres de dénivelé à franchir. Mais comme le chemin monte doucement (d’après la description du guide, ce n’est pas une « montée sévère ») , je m’en sens capable. Il est magnifique, ce chemin, qui offre régulièrement des vues sur la vallée de la Wormsa, avec en prime un ruisseau de montagne bruissant. 

La dernière partie est raide et difficile, mais j’y arrive ! Une fois en haut, je laisse éclater mon enthousiasme et ma joie !

Jamais je n’aurais pensé, il y a seulement trois mois, que je vivrais à nouveau une expérience si merveilleuse ! L’étang, avec ses libellules, son canard et ses jeunes nageurs, est si beau que nous y restons une bonne heure avant de redescendre.

La descente sera toutefois difficile, car très longue – trois heures et demie en tout. Mais cela en valait la peine et ce sera l’expérience la plus marquante de ces belles journées. Je suis allée jusqu’à ma limite actuelle, tout de même.

Tout cela me trotte dans la tête pendant que je me prélasse sur ma chaise longue face à la mer Ionienne et que je relis la belle phrase d’EPIKUR :

La mort ne me concerne pas, car quand elle est,

je ne suis plus et tant que je suis, elle n’est pas

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