Le jour parfait de voyage se passe ainsi : le taxi nous attend à 4 h 30 pile devant notre immeuble à Saint Maur. Une demi-heure plus tard, nous avons déjà franchi les contrôles à Orly et à 9 h 20 nous atterrissons à Grenade – sous le SOLEIL. Quelle belle surprise ! Ce n’était pas prévu d’après la météo. Pour seulement 3 €, le bus nous amène directement jusqu’au centre-ville, devant le Palais des Congrès. En passant, nous avons déjà une bonne première impression de l’architecture imposante qui caractérise la cité.

Notre hôtel San Antón est très bien situé, juste à côté du terminus du bus et pas loin de notre location, où nous entrerons demain. Pour l’heure, notre chambre n’est pas prête car les Espagnols se sont levés nettement plus tard que nous ce dimanche et ne sont pas pressés de quitter l’hôtel. On les comprend. Heureusement, le personnel est très aimable et nous invite, en attendant, à prendre l’ascenseur aux parois de verre, très chic, qui nous amène en un rien de temps sur la terrasse du 8ème étage. De là, nous découvrons avec ravissement la ville avec l’Alhambra et la Sierra Nevada enneigée au fond.

Quelle chance ! Nous nous installons pour prendre notre premier bain de soleil, très agréable. Et en prime, nous avons toutes les cloches de la ville qui saluent le jour du seigneur à tour de rôle (il est midi, fin de la messe) en se répondant parfois. C’est très beau !

Nous descendons par l’escalier impressionnant au 4ème étage dans une belle chambre – que nous quittons aussi vite pour aller découvrir la ville sous ce beau soleil !

Rapidement, nous arrivons à la Mairie.

Juste à côté, voici la grande et belle Plaza Bib-Rambla.

Aucun des restaurants, très touristiques, ne nous sourit vraiment. Il est maintenant plus de deux heures de l’après-midi, l’heure espagnole pour manger et nous aussi, nous avons faim. Nous poussons un peu plus loin et arrivons sur une petite place qui nous plaît d’emblée. Nous nous installons et là, il se passe l’un de ces petits miracles pour lesquels nous aimons tant les voyages. Ni Mireille ni moi ne parlons vraiment espagnol et nous l’annonçons chaque fois à nos interlocuteurs. Les réactions sont pour le moins mitigées. Quand nous demandons timidement si la personne parle anglais, souvent un « NO! » tonitruant et peu aimable nous répond. Pour moi, c’est incompréhensible à notre époque dans une ville qui vit grandement du tourisme! Mais il y a aussi, heureusement, les « un poco, un peu, a little… »

Le garçon qui nous sert, Mikel, est très aimable et parle pas mal l’anglais, nous arrivons donc à commander un panaché et demandons la carte. La coutume – très sympathique ! – de cette ville fait qu’une boisson est suivie un peu plus tard par un amuse-gueule gratuit. La fameuse tapa. On ne sait jamais à l’avance si le cadeau est froid ou chaud; cela peut-être une mini tartine ou une petite crêpe fourrée et en général, plus on consomme d’apéros, plus les tapas deviennent généreuses… Comme la nôtre ne nous suffit pas, nous commandons une véritable « tortilla espagnole de pommes de terre aux œufs frais faite à la minute ». Et là, arrive une merveille de légèreté, d’un goût parfait !

Nous n’en laissons pas une miette et Mikel est ravi. Du coup, il nous offre encore un petit dessert, tout aussi ravissant que délicieux. Décidément, nous sommes vraiment bien tombées ! Nous engageons la conversation et il nous raconte que lui, sa femme et un ami ont ouvert ce petit restaurant il y a seulement quelques mois. Quel courage à l’époque du virus ! Ils n’ont même pas encore l’enseigne, le lieu s’appelle sobrement « Pescaderia 4 » qui est tout simplement le numéro de la rue. Nous lui promettons de revenir, d’autant plus volontiers que le prix pour toutes ces délicatesses est incroyablement bas : pour nos deux panachés et l’unique omelette – largement suffisante pour deux – nous payons 13,50 € ! Impensable en France.

La visite de la cathédrale est un ravissement. Elle a été la première église de la Renaissance à être construite en Espagne et l’une des plus grandes d’ Europe ! Les belles colonnes blanches sont immenses et la hauteur sous la coupole étoilée est de 64 mètres – nous sommes très impressionnées !



Cette belle journée se conclut dans un petit bistrot juste à côté de l’hôtel avec deux bons verres de Rioja et encore des tapas, bien sûr 😊 ! Le lendemain matin, nous arrivons à peine à voir les collines d’en face, tant le brouillard est épais.

Après un copieux petit déjeuner au buffet du premier étage (8 € par personne dans un **** !) nous déménageons dans notre logement, dont on peut tout juste dire qu’il est propre, fonctionnel et bien situé par rapport au centre – mais il est loin d’être « cosy ».
Nous partons à la découverte de l’Albaicín. Comme ça grimpe drôlement – plus qu’à Montmartre ! – nous préférons prendre un petit bus électrique à la Plaza Nuova qui nous monte en un rien de temps au Mirador San Nicolás. De là, nous aurions une très belle vue sur l’Alhambra si le temps était meilleur…


Mais déjà ainsi cet ensemble de tours et de palais est très impressionnant – et c’est bien voulu ainsi !
L’urbanisme royal islamique est l’une des expressions matérielles d’un pouvoir qui prétend en même temps à l’autorité temporelle et à l’autorité spirituelle. Cet urbanisme correspond à la création, par ordre du prince, d’un vaste ensemble architectural qui dépasse, par son étendue et sa complexité, le palais, voire même l’ensemble palatial, et qui prend la forme d’une véritable ville, entourée de remparts et abritant le souverain, sa famille et un entourage extrêmement nombreux et diversifié.
LES PALAIS DANS LA VILLE Patrick Boucheron , Jacques Chiffoleau,
Presse Universitaire de Lyon, 2019
Nous verrons cela de plus près demain. Pour le moment, nous commençons très prudemment notre descente vers la ville par les petites ruelles de l’Albaicín, le plus ancien quartier de la ville qui n’a quasiment pas changé depuis les temps mauresques. Son nom veut dire « maçon », car à l’époque de la dynastie des Nasrides, cette colline était un faubourg où tous les maçons s’étaient regroupés.

Certes, ces rues pavées de toutes petites pierres sont assez romantiques et pittoresques avec leurs jolies maisons blanches. Mais nous devons mettre avec précaution un pied devant l’autre – le sol est un peu humide de la pluie du matin – et nous sommes soulagées quand nous arrivons sans foulure en bas au Rio Darro.

Mireille aimerait voir maintenant les bains arabes. Là, nous attend une surprise de taille : nous devons montrer nos passeports pour pouvoir payer et pour découvrir le Hammam al-Yawza.

Il date du XIIe siècle et porte le diminutif de Bañuelo pour désigner le plus petit des bains royaux de l’Alhambra. C’est pourquoi nous sommes dehors cinq minutes plus tard et découvrons un peu plus loin un « Musée du parfum » avec ce patio ravissant.

Tout le monde peut visiter l’Alhambra sous le soleil – mais le vrai chic c’est d’y aller par temps de brouillard dû au vent de sable venu du Sahara. Nous sommes servies le lendemain !

Cela fait très exactement 40 années que je suis venue ici pour la première fois, avec un groupe de randonneurs suisse. Nous avions fait un programme intéressant, en alternant les visites des villes et la découverte des paysages de l’Andalousie à pied. Je dois avouer que je me souviens plus des jardins que des palais de l’Alhambra. Et je suis contente que le circuit proposé nous mène tout d’abord dans les jardins du Generalife qui servait de lieu de repos aux grands sultans. L’eau s’écoule depuis les jets jusque dans les différentes fontaines. Elle vient d’ailleurs par un savant jeu de canaux depuis la Sierra Nevada toute proche. En été, le bruit de l’eau était le fil musical du repos des princes. Ce petit palais est entouré de vergers et de jardins fruitiers, qui étaient certainement déjà utilisés à l’époque Nasride pour alimenter l’Alhambra.


Pendant que nous patientons devant la porte des Palais Nasrides, le soleil fait une timide tentative de percer – mais les nuages sont les plus forts, hélas !
Nous voici dans la superbe salle d’audience Mexuar.À l’époque nasride, la salle servait de siège au tribunal royal.

Nous sommes touchées par la beauté des détails : les quatre colonnes de marbre, le bois lambrissé en position radiale des plafonds, les azulejos sur les murs et le sol forment un ensemble harmonieux et ravissant. Et cela continue avec la salle des oraisons et la cour de la chambre dorée. C’est beau partout – on se croirait dans les 1001 nuits…




Après un autre tour dans les jardins, nous voici devant l’impressionnant Palais COMARES, la résidence officielle du Monarque.

Et nous terminons notre visite avec le sublime Palais des Lions. La Cour des Lions est peut-être l’endroit le plus connu de l’Alhambra. Son nom provient des douze lions-jets d’eau de la fontaine qui se trouve au milieu du patio et sur lesquels repose le grand bassin en forme dodécagonal. Cette fontaine, en marbre blanc, est un des exemples les plus importants de la sculpture musulmane.

Le dernier jour sera consacré au shopping et à faire encore plus ample connaissance avec le beau centre de la ville. Il y a beaucoup de grandes places vertes et fleuries car le centre est plat entre les collines qui entourent la ville. Mais attention aux bancs après la tempête de sable rouge venue du Sahara – si on s’assoit sans avoir mis du papier journal ou un plastique, on se relève avec un derrière de babouin ! Voici la Plaza Trinidad.

Nous notons qu’au point de vue magasins de bouche, il y en a principalement de deux sortes : soit jambons et charcuteries, soit des douceurs, si possible dans les couleurs le plus osées.


Mais il y a aussi les premières asperges des environs à des prix qui nous font rêver….

Enfin, le marché Alcaicería qui était la foire à la soie mauresque, à savoir une série de rues entre la Plaza Nueva et la Plaza Bib-Rambla, pleines d’étals de soie arabe, d’épices et d’autres marchandises de valeur. Aujourd’hui, la seule partie restante du bazar est la Calle Alcaicería, très colorée et pittoresque.

Chacune se choisit un beau carreau pour sa cuisine – souvenir de GRENADE qui vaut décidément une seconde visite!
