Jour 1 + 2 : HANOI
Parfois, la vie est drôle ! 4 ans après notre voyage à PENANG/ Malaisie (cf. chapitre de 2019) et notre rencontre avec des jeunes du coin qui voulaient absolument se faire photographier avec nous devant le temple Dhammikarama, notre guide (prononcer LI-ÊN) nous en révèle la raison devant le Temple de l’épée restituée à HANOI : ces Malaisiens voulaient tout simplement briller devant leurs copains en faisant des selfies « avec une blonde Européenne » ! Devant nos visages incrédules, Liên se tord de rire, cela fait partie de son charme.

Elle s’est levée à 4 h du matin, pour prendre sa vespa et un bus, faire deux heures de route jusqu’à Hanoi et est venue, dans la voiture de notre chauffeur, à l’aéroport pour nous accueillir à 7 heures pile. Le SUV est très confortable et nous n’aurons jamais un autre modèle pendant tout notre voyage – seuls nos guides et les chauffeurs changeront.
Nous sommes tout de suite happés par la circulation qui devient de plus en plus dense à fur et à mesure que nous approchons de la capitale du pays. C’est fou ce qu’il y a comme deux-roues : de la mob’ la plus modeste en passant par la vespa à la moto rutilante (en minorité !), tout le monde, casqué et masqué, se meut ainsi.

Visiblement il y a autant de femmes que d’hommes et tous ont un formidable équilibre sur leur bécane : je vois environ 30 cartons de chocolat et même des ballons d’eau – enfin quasiment tout ce qui peut faire un déménagement est transporté devant ou derrière les conducteurs. Carrément flippant quand il s’agit d’une cargaison d’œufs. PAS pour eux, car j’ai l’impression que cette foule immense sait très bien où et comment elle y va. Il y a peu de klaxons et ni doigt d’honneur, ni invectives comme à Paris. Etrange ! En deux semaines, nous n’allons pas voir un seul accident.


Pendant les 45 minutes que dure notre trajet, Liên a largement le temps de nous raconter qu’elle a 34 ans, qu’elle est donc une « vieille fille » – sic ! – et qu’elle refuse de se marier car elle ne veut pas d’enfants au grand dam de sa mère. Elle adore son métier qui la mène souvent hors de son village.
Elle nous demande si cela nous gêne qu’on se tutoie et avec sa queue de cheval et ses « ripped jeans », elle a l’air d’une étudiante marrante. Mais maintenant, cela devient sérieux. Subitement, elle prend une autre voix, studieuse, pour dire « Permettez-moi de vous présenter….. » Telle sera sa phrase standard.

Elle nous présente donc le temple de l’épée restituée : Selon la légende, Lê Thái Tổ de son nom de règne, est un empereur du Dai Viêt et un héros vietnamien du 15ème siècle. Au début de sa lutte contre les Chinois, il aurait reçu d’un pêcheur une épée repêchée dans le Lac Hoan Kiem.
Dix ans plus tard, après avoir réussi à chasser les Chinois, et traversant ce même lac, il est abordé par la tortue, qui lui réclame l’épée au nom du Roi-Dragon, ancêtre mythique du peuple Viêt. Lê Thái Tổ comprend alors que l’épée était un mandat du Ciel pour chasser les Chinois du pays.
Nous apprenons aussi que Hanoi au début fut nommée Thang Long, « la ville du dragon qui s’élève », 800 ans durant. Elle devint définitivement Hanoi en 1831 « la ville en deçà du fleuve ». La capitale du Vietnam s’étend en effet sur la rive occidentale du FLEUVE ROUGE, venu des montagnes chinoises du Yunnan.

Dûment impressionnées par la beauté du lieu et des groupes de femmes qui se photographient mutuellement pour fêter en avance la fête de la femme du 8 mars (et pas simplement « le jour des femmes » !) nous repartons par le joli pont du Lac Hoan Kiem.
Il fait 25 degrés de plus qu’à Paris et malgré les trois heures de repos que nous avions « marchandées » avec Liên en arrivant à l’hôtel « Dolce Vita » (!) vers 8 heures du matin, je suis déjà fatiguée par cette chaleur.
Il faut dire que faire la vieille ville à pied, c’est du sport ! Les rues sont étroites et encombrées de scooters qu’on parque juste devant sa boutique, de toutes sortes de marchandises qu’on propose à même le sol — où les vendeurs mangent aussi sur de minuscules chaises ou tabourets.

Nous nous faufilons par le petit passage du milieu, en faisant très attention à ne pas marcher sur quelque chose ou sur quelqu’un par mégarde. C’est fatigant. Liên nous explique que l’achat d’une voiture est impossible pour beaucoup de familles mais que presque toutes ont une, deux ou même trois motos.
Pour traverser une rue ici, c’est carrément la guerre : on lève un bras pour attirer l’attention des motos et des voitures, on fixe le trottoir en face et on y va ! Comme à Bali en 2016. Nous retrouvons vite le réflexe — et ça marche ! J’aimerais bien m’assoir et boire un verre quelque part. Mais Liên nous emmène au Grand Marché de Hanoï, DONG XUAN, qu’il faut absolument voir.
Il est vrai qu’il est impressionnant. Un choix immense de fruits et légumes, de poissons et de viandes, de fleurs et d’articles ménagers, car aussi bien les petits commerçants achètent ici pour la revente que le simple particulier pour sa consommation personnelle. On passe par des allées de céréales, de fruits secs, de chaussures – c’est interminable.

Une fois de l’autre côté, Liên se ravise et nous appelle un taxi pour nous rendre ensemble chez AMICA TRAVEL, l’agence qui a concocté pour nous ce voyage de luxe à la demande de notre ami Thinh Van Tran.
Nous sommes tout de suite séduites par l’atmosphère non conventionnelle et bienfaisante qu’un architecte d’intérieur français a su créer ici.
Autour d’une longue table de bureau, des hommes et des femmes, apparemment au même nombre, sont assis de manière détendue en train de travailler. Ils nous accueillent aimablement. De l’autre côté de la grande pièce, on a dressé une table de thé pour nous. WOW – un traitement de VIP ! Une jeune femme nous sert un verre d’eau chaude. Très inhabituel, mais pas désagréable.
Ensuite, le thé vert est préparé et servi devant nous. Sans sucre, sans lait. Je reste stoïque. Avec ce thé, on nous sert du « nougat vietnamien » qui fond dans la bouche et une délicieuse mangue confite.
Madame Nga arrive un peu plus tard et nous offre à chacune une carte et un livre sur le pays ainsi qu’un joli sac en toile qui nous accompagnera partout. Nous sommes enchantées et la remercions pour cet accueil exceptionnel.
Retour en taxi à l’hôtel et repos jusqu’au dîner dans un joli restaurant en face de l’hôtel, dans une atmosphère de bistrot « bien de chez nous » qui nous sied bien après cette journée pleine de nouveautés.
Nous mangeons pour 7 € des Nems, du riz, des légumes, du poisson et accompagnons tout cela avec une bière d’ici. C’est incroyable, ce prix ! Les serveurs sont adorables et plein de respect pour la vieille dame que je suis – j’adore !!

Le lendemain, nous sommes seules à prendre la route qui longe le lac. Partout il y a ces groupes de femmes superbes dans leur costume traditionnel pour se fêter mutuellement, c’est beau. En plus, c’est très agréable de marcher sur un trottoir large et vide !
Aujourd’hui, nous prenons le temps de nous assoir sur des bancs pour regarder autour de nous : on voit quelques affiches communistes et il y a foule devant la statue de Ho Chi Minh où chante une chorale d’au moins 200 personnes. Beaucoup de photographes et de modèles profitent du lac et des arbres en fleurs.

Arrivées au bout du lac, j’aperçois le premier grand magasin, « TRANG TIEN PLAZA » et j’entraîne Mi pour voir : un portier qui s’incline devant nous avant d’ouvrir la porte et – des couloirs en marbre complètement vides, sans personne d’autre que nous.
Les vitrines sont décorées avec des photos de Paris et remplies de luxe (Tiffany, Gucci etc.) sans étiquette de prix ! Très étrange. Surtout quand on sait que le salaire moyen/supérieur vietnamien est de 300 Euros par mois.

A nouveau dehors, nous entrons dans le « quartier français » qui n’a pas gardé que son nom mais aussi de belles grandes maisons du style colonial, un lycée aux fenêtres ouvertes d’où s’échappe la voix d’un prof, et puis l’opéra magnifique – très inspiré du Palais Garnier – avec un mariage devant. Mais à y regarder de plus près, vu le peu d’empressement des deux protagonistes, il s’agit juste d’un tournage d’une pub. Pas la peine de prendre une photo.

Nous remontons vers le lac par une autre rue, et cela fait un peu bizarre de voir des noms de magasins familiers dans un tout autre univers – mais c’est aussi savoureux. Je suis touchée par l’amour que les habitants de cette ville portent aux fleurs et aux plantes, il y en a partout, notamment dans les quartiers modestes.

Arrivées au lac, nous constatons que l’air de Hanoi – près de 7 Millions d’habitants – est au moins aussi pollué que celui de Paris. Mais la vue est belle quand-même.

Notre excellent petit déjeuner à l’hôtel (omelette à la tomate, toast et confitures) n’est plus qu’un lointain souvenir et nous nous arrêtons devant une boutique à la déco originale. Nous ne voulons pas y acheter un jouet mais déguster un délicieux jus frais orange-ananas avec une tartelette aux pommes pour à peine 4 € le tout.

Notons qu’il n’y a pas de pièces de monnaie dans ce pays, on arrondit soit vers le haut, soit vers le bas quand on fait la conversion en €. Un million de Dong vietnamiens font à peu près 40 Euros. De l’avoir mémorisé nous sera très utile à la fin de notre voyage.
Pour l’heure, nous allons retourner à l’hôtel afin d’être reposées pour la fin de la journée car une belle surprise nous attend : nous allons voir dans un théâtre un spectacle insolite, à savoir les marionnettes sur l’eau !
La tradition du théâtre de marionnettes sur l’eau remonte à une époque où les rizières étaient inondées et où les villageois s’amusaient agitant des marionnettes à la surface de l’eau tout en se tenant debout dans l’eau jusqu’à la taille. C’est une travail fatigant même si c’est amusant : Une seule marionnette aquatique pèse déjà 15 kilos. Les groupes de personnages plus importants qui se déplacent de manière synchrone peuvent même peser jusqu’à 100 kilos.
Dans ce théâtre, les artistes sont cachés derrière un rideau mais ils jouent vraiment dans l’eau. Les saynètes sont rythmées par des chansons et il y a un orchestre pour accompagner la chanteuse.Tout est coloré, gai, c’est superbe !
Les saynètes sont courtes et comme nous avons le titre de chacune sur notre programme, nous comprenons quand il s’agit du « Renard qui vole un canard » ou « Le poisson qui met à l’eau le pêcheur ».

Nous sortons de très bonne humeur – et nous retrouvons en plein dans la scène de « Hanoi by night un vendredi soir« . Chaque vendredi et samedi soir, à partir de 18 heures, la vieille ville se transforme en un gigantesque restaurant open air.
La circulation y est interdite aux véhicules (en principe, car il y en a toujours des petits malins qui y arrivent) et aux motos (là, il ne faut pas rêver…il y en a nettement moins, mais il y en a tout de même). Tout le monde mange assis ou debout dans un joyeux brouhaha.
Sur les petits carrefours se sont installés des musiciens, l’atmosphère est à la fête. Cela me fait penser à une phrase de Liên ce matin : « Nous travaillons de lundi matin à samedi midi – et le dimanche, nous en profitons (!) pour aller travailler dans les champs. » A méditer.

JOUR 3 : Province de NINH BINH
A 8h25, Liên, radieuse, nous embrasse comme du bon pain et nous montons dans notre SUV, direction sud. En passant par des banlieues aux tours hideuses, notre guide nous raconte que certains de ces buildings ont dû être abandonnés avant même la fin de leur construction. Les Vietnamiens aussi ont du goût et refusent de vivre dans des ‘cages à lapins’.

Après deux bonnes heures de voyage, nous montons dans un SAMPAN, une petite barque en bois à fond plat. Aux rames, une femme d’une cinquantaine d’années, très gentille, qui me prête son LON-LA et se contente d’une casquette contre le soleil. Celui-ci se cache derrière quelques nuages, mais on ne peut pas être trop prudente sur l’eau.
Nous nous trouvons dans la célèbre RESERVE NATURELLE VAN LONG (« Le dragon dans les nuages »). Elle se compose de rizières immergées, de rivières, de lacs peu profonds et d’une riche végétation de zone humide, entourée de montagnes à la forme typique de pitons rocheux calcaires.

On devrait y voir des singes Langur – mais ils font visiblement la sieste – et des cigognes blanches. En effet, deux passent au loin. Ces montagnes, émergeant de l’eau, ont un charme particulier.
Par contre, je me serais volontiers passé de la grotte dans laquelle notre « capitaine » est restée coincée quelques instants avant de pouvoir repartir. Je n’aime pas du tout. Mais cela ne nous empêche pas de lui faire un petit cadeau de 5 €. Elle n’a visiblement pas l’habitude d’en recevoir car elle nous remercie beaucoup en s’inclinant gracieusement.
Nous nous arrêtons dans un restaurant pour un déjeuner typiquement vietnamien, où tous les plats sont présentés en une fois sur la table.
Avant de s’éclipser pour aller manger avec le chauffeur ailleurs, notre Liên nous montre gentiment comment mettre délicatement sur une feuille de riz un peu de menthe, des bouts d’ananas et de figue, enfin de la viande de chèvre. Il faut rouler le tout et le tremper dans une des quatre sauces. C’est très plaisant et nous nous régalons.
L’après-midi sera très culturel à HOA LU, capitale des premières dynasties des rois du Vietnam, après près de 1000 ans de domination chinoise. Le roi Ly Thai Toy y fit construire de nombreux temples, et nous en visitons trois. Je laisse la pagode à Mi et Liên car je ne peux pas monter 300 marches. Je préfère les attendre dans le parc d’un temple.


Nous passons dans la VALLEE DU SOLEIL en plein brouillard, pas de chance. Arrivées à notre hôtel HALI HOME, nous admirons le site et notre jolie chambre située juste au lac-des-grenouilles qui vont coasser toute la fin de l’après-midi, la soirée et la nuit. Sympa, elles coassent même le français, nous distinguons clairement « a voté, a voté » et « plus loin, plus loin ». Comme chante Annie Cordy : « On aimerait bien mais on ne peut point ». Fou-rire garanti quand elles passent plus tard dans la soirée à « pouf-pouf » et « crac-crac ». Mais finalement, elles vont s’endormir comme nous.

Le directeur du site a décidé de fêter les femmes qui y travaillent à l’avance, nous avons la chance d’assister à cet évènement qui se passe à la manière des GO du Club Med. Déroutant.
Avec du thé au gingembre pour toute boisson (le bar est fermé car tout le monde, une quarantaine de personnes, est dehors dans une sorte de mini-amphi) et des petits gâteaux au chocolat. Le directeur va remettre a chacun un cadeau et ensuite nous incite à faire des jeux — que nous ne comprenons pas toujours. Mais nous sommes pleines de bonne volonté et à 22h, tout le monde va se coucher.
Jour 4 : DES SURPRISES
Pour la première fois depuis notre arrivée, nous nous réveillons avec un franc soleil et du ciel bleu. C’est plaisant et le petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel l’est aussi : une omelette dans un petit pain, servi avec du café et des magnifiques fleurs d’oranger. Un délice pour le palais et le nez !
Nous partons juste après dans un village non loin de l’hôtel et Liên, visiblement connue des gens du marché, nous promène partout en nous expliquant le nom des légumes et des fruits que nous ne connaissons pas. Elle a un mot gentil pour chacune des dames qui tiennent leur stand.
Elle achète des mangues (qu’elle m’offrira à la fin de la journée) et moi un petit ananas qui sent divinement bon. Nous commençons à avoir une belle complicité. Nous apprenons par elle, qu’ici il n’y a pas de « riz bio », car tout le monde – particuliers comme professionnels – utilisent des pesticides « avant récolte ». Bon à savoir.
Ensuite, nous allons visiter trois petites entreprises familiales, où travaillent principalement des femmes (nous sommes dimanche !).
Dans la première, on fabrique des objets avec le chanvre (qui est une sous-espèce du cannabis, tiens, tiens), principalement des tapis, des sets ou des paniers pour y mettre le linge par exemple. Les femmes nous disent bonjour et se remettent au travail sans autre forme de procès, laissant Liên nous donner des précisions.

Dans la seconde entreprise, on travaille le bambou (attention, ça coupe !) pour tresser le « squelette » des chevaux que nous avons vus dans les temples. Notons que les temples sont dédiés au fondateur du lieu et aux génies tandis que la pagode est dédiée à Dieu et aux ancêtres.

La 3ème entreprise est plus grande et nettement plus colorée, étant donné qu’on « habille » ici les chevaux, rois, reines, dieux et déesses avec du papier. Leur visage n’est plus en papier, mais en plastique, pour qu’ils ne se déforment pas lors du transport par l’humidité ambiante. C’est évidemment très polluant, tout cela, car tout finira en cendres lors des fêtes votives…!


Nous sommes très reconnaissantes à Liên de nous avoir fait connaître ces lieux et le travail des femmes – c’est un vrai plus qu’elle a apporté à notre programme !

Arrivées au village NON KHE (300 habitants), où nous sommes invitées à déjeuner par la famille THANH, nous allons visiter la MAISON COMMUNE, lieu de la réunion des notables, mais également siège de la représentation de la divinité tutélaire du village, donc le temple.
Aujourd’hui, c’est la fête annuelle et tous les drapeaux sont de sortie. Bien sûr l’étoile jaune sur fond rouge. Liên nous explique que les 5 branches de l’étoile représentent les piliers du communisme : les paysans, les travailleurs, les intellectuels, les soldats et les hommes d’affaires. Tiens, je n’aurais pas cru que ces derniers en faisaient partie – mais ils ont certainement fait beaucoup pour le développement du pays ces dix derniers années…!


Devant la maison commune sont postées 3 chaises à porteurs rouges. Celle du milieu était celle de l’empereur, portée par des militaires, à gauche celle du fondateur du village, portée par de jeunes hommes et celle de droite était à une déesse, portée par de jeunes filles.
Nous visitons l’autel du temple. Toutes les personnes présentes nous sourient. Beaucoup de personnes âgées sont assises autour de la grande table dans la cour. Un ministre à la retraite entame une petite conversation avec moi, nous raconte qu’il a rencontré Obama et Mitterand….J’écoute poliment, je fais des compliments sur cette maison, on se salue.
Ensuite, nous allons à pied la maison des Thanh. Elle est grande, dans le potager il y a déjà des tomates mûres et des aubergines. Un poulailler avec des poules et un coq gigantesque complète l’habitation. Nous nous lavons les mains dans leur salle de bains.
Ensuite Liên nous enseigne à rouler avec plus ou moins d’adresse des Nems que la maitresse de maison va mettre dans une poêle « pas trop chaude ». Ils seront mis sur la table avec du porc au caramel, des tomates farcies, de la salade du jardin, du chou-rave et des carottes cuites taillés en julienne, des épinards (les vrais, ceux qui ont un goût ‘terreux’ comme dans mon enfance !) et bien sûr du riz.
Comme boisson, il y a de la bière, du thé (amer) et avec la mangue du dessert on nous offre un verre d’eau de vie à la papaye. Même s’il n’y a pas vraiment une conversation entre nous, les sourires suffisent et tout le monde est très content.

Dans l’après-midi, nous visitons la cathédrale de PHAT DIÊM, district connu comme l’un de ceux ayant la plus haute proportion de catholiques du pays. L’édifice nous impressionne beaucoup par ses dimensions, par sa beauté et sa particularité.
Étant l’un des édifices religieux catholiques les plus célèbres du Vietnam, elle a été conçue selon une architecture particulière : une combinaison entre le style architectural des églises européennes et celle des pagodes bouddhiques.

Elle est entièrement bâtie en pierre et en marbre (24 ans de construction par un prêtre vietnamien, le Père Six). La charpente apparente est recouverte d’une dentelle de sculptures, le chœur est très riche et sa décoration rouge et or ressemble à celle des pagodes. Magnifique et propice à la méditation. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir voyager ainsi.

JOUR 5 + 6 : LA BAIE DE Hạ LONG/TU LONG
Parties tôt ce matin après avoir dit au revoir aux grenouilles, nous avons au moins trois heures de voiture devant nous pour arriver au port. Mais avant de rejoindre l’autoroute, nous prenons les petites départementales et nous voyons beaucoup de femmes

– ou plutôt leurs dos et leur Lon-La qui piquent le riz dans les champs. Ces champs se trouvent souvent directement devant leur maison. Dans une petite ville, nous voyons une femme – sans doute parce que ce sera sa fête dans 2 jours? – balayer sur la route derrière un camion qui perd sa cargaison. On peine à comprendre.
Quand nous arrivons à HA LONG, je suis saisie car je ne m’attendais pas à me retrouver dans une ville de plus de 300.000 habitants avec des buildings flambant neufs, rutilants. Liên nous dit que personne ne peut LOUER un appartement ou une maison dans cette ville – seulement acheter ! Ce qui veut dire qu’uniquement les très riches peuvent se le permettre. Qui sont-ils dans un pays communiste ?
Le PORT DE BAY CHAI est surmonté d’une colline avec, dessus, une immense Grande Roue – c’est surréaliste. Les boutiques au port sont toutes très chics et chères.

Nous devons nous séparer de Liên, elle part voir de nouveaux clients. Notre chauffeur viendra nous prendre ici demain à midi pour nous conduire à l’aéroport. Nous embrassons notre guide si gentille, attachante même, et promettons de lui donner des nouvelles. (Pendant que j’écris ces lignes à Paris, en août, elle m’adresse des photos de sa randonnée avec un couple dans les montagnes du Nord qu’elle affectionne particulièrement. Je suis contente, on reste en contact.)
Avant de pouvoir monter à bord de notre bateau pour la croisière dans la baie, il y a une petite surprise qui nous attend, à savoir une MANUFACTURE DE PERLES, implantée dans le port.
J’apprends le mot de « perliculture » par l’une des animatrices qui nous explique : « Afin d’obtenir une perle de qualité, il faut suivre un long processus composé de nombreuses étapes, telles que choix du mollusque, greffe, entretien et manipulation du produit fini. Les huîtres sont élevées pendant 18 mois puis repêchées dans le cadre de la greffe.

La greffe, cette étape cruciale exige de la minutie et une grande habileté afin que l’huître produise la perle. La qualité de cette dernière dépend principalement du savoir-faire de celui qui réalise la greffe. C’est le greffon de l’huître donneuse qui va déterminer la qualité de la perle. Le fragment d’un manteau d’huître à lèvre dorée greffé dans une huître à nacre blanche donnera une perle dorée ! Si l’huître donneuse fixe la qualité de la nacre, c’est l’huître receveuse qui gère le dépôt en quantité et en rapidité. »

Fascinant, non ? On me permet de prendre des photos. Seulement 10 à 20% des huîtres réussissent à faire une perle – mais elle ne sera pas toujours belle. Si cela est le cas, on la broie et on la met dans des crèmes cosmétiques. Rien ne se perd.

La dernière étape, à savoir la vente, m’intéresse moins – j’ai juste envie de rigoler en voyant les autochtones se presser dans un espace qui ressemble étrangement à la « Samaritaine », car dans ma tête une petite voix me demande : « C’est vraiment ça, le communisme ? »
Je me garde bien de lui répondre. Mais le fait que JUSTEMENT aujourd’hui, on nous propose 80% (!!) de réduction à cause de la fête des femmes, c’est curieux, non ?
Allez, c’est parti, nous embarquons sur notre bateau et nous nous retrouvons dans une cabine adorable avec WC et douche à côté, tout est mini et mimi. D’ailleurs, Mimi trouve aussi cette cabine fabuleuse.

Vite, vite, montons pour ne pas perdre une miette de cette croisière unique dans notre vie – j’ai l’impression que nous allons voir l’une des sept merveilles du monde.

Pendant que nous quittons doucement ce port impressionnant, à côté de nous, l’équipage s’affaire pour nous préparer le premier de 4 (!) repas qu’on nous proposera en moins de 24 heures. C’est la première fois, que Mi et moi mangeons ainsi, en plein air, dans un décor de rêve des mets de choix ! C’est un régal de tous les instants, un moment exceptionnel dans notre vie.


Nous sommes 16 à table, un jeune couple, nous deux et un groupe d’amis qui passent régulièrement leurs vacances ensemble. L’un deux nous raconte qu’il y a dix ans, la ville de Ha Long n’était qu’un petit port de pêche il est abasourdi de constater « le progrès ».
Notre déjeuner fini, le groupe part avec Mireille tandis que je décline poliment l’invitation à cette sortie avec la visite d’une grotte.
Je reste seule sur « mon » bateau où « mes » boys me servent un cocktail merveilleux et où je vais fumer exceptionnellement une cigarette de plaisir. C’ est un instant de pur bonheur !

Il n’y a presque personne sur la mer, un seul bateau derrière nous, un hélico au loin, c’est tout. La raison en est simple : nous ne sommes pas dans « la » Baie de Ha Long mais dans celle de TU LONG, parallèle à sa sœur, mais beaucoup moins fréquentée.
Le nom veut dire « descente du dragon dans les flots ». Visiblement, il a perdu pas mal de ses écailles pendant son voyage, qui, au contact de l’eau, se sont transformées en un chaos immense de pitons et de mamelons karstiques qui émergent des eaux émeraudes.
En tout, il y aurait 1969 rochers et peu d’entre eux portent un nom. Il y a une diversité incroyable dans les formes et en même temps, pour moi, une atmosphère paisible et bienfaisante s’en dégage.
Je goûte ce moment jusqu’au retour du groupe. Mi est enchantée d’avoir pu se balader sur la plage de l’île de Hon Co, les pieds dans l’eau de la MER DE CHINE. Tout le monde se rassemble sur le pont pour admirer le coucher du soleil. Plus personne ne parle devant tant de beauté.

Après un bon dîner et un dernier coup d’œil sur la baie illuminée, nous nous endormons bercées pas le doux mouvement du bateau.



Réveil très matinal car il faut vider la cabine pour les prochains voyageurs. Il fait frais et gris dehors, ce qui change radicalement l’atmosphère.
Après un petit déjeuner copieux, on nous amène au village des pêcheurs de VUNG VIEN via une petite embarcation à rames. C’est encore une fois une femme qui rame.
D’après notre dépliant d’Amica, nous allons découvrir « cette vie lacustre intemporelle ». Désolée, mais même si le soleil se repointe timidement, nous ne voyons que des huttes misérables sur des bidons flotteurs un univers austère (qu’est-ce que cela doit être à la saison des pluies !). Nous voyons des gens qui dorment sur une couverture, c’est misérable – cela nous fait honte, à nous, « les nantis ». Pour finir, on nous demande de l’argent pour scolariser leurs enfants en pensions, afin qu’eux apprennent à lire et à écrire !!

Ni Mi ni moi n’avons aimé cette excursion et nous sommes contentes de rentrer au bateau où nous attend encore un repas. Ensuite transfert à l’aéroport, longue attente, vol rapide et nous voilà à HUE à l’hôtel « Villa Hué » dans une chambre qui fait dix fois notre cabine d’hier soir.
Jour 7: HUE
Tout dans cet hôtel respire « calme, luxe et volupté », c’est la classe !



Après une bonne nuit et un délicieux petit déjeuner dans la belle salle à manger de l’hôtel, nous faisons connaissance de notre guide HA. Elle est petite, élégante, la quarantaine, elle parle très bien français et nous sympathisons rapidement, mais restons au « vous ».
HA a deux enfants et son mari est expert-comptable dans une banque nationale. Ils ont pu voyager en France, invités par des amis de Montpellier. Elle nous raconte cela en marchant dans cette ville qui fut l’ancienne capitale impériale (de 1802 à 1945).
Hué est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et considérée comme le cœur du patrimoine culturel national. Aujourd’hui, nous sommes le 8 mars et partout nous croisons des femmes dans leurs plus beaux atouts.


HA a une façon bien à elle de raconter l’histoire, c’est plaisant de l’écouter. La CITE IMPERIALE, construite par le fondateur de la dynastie, GIA LONG, est immense — il en fallait de la places pour ses cent et quelques concubines. Manque de chance, il attrapa les oreillons et ne pouvait pas avoir d’enfants. Fin de la dynastie.

Nous nous reposons un peu sur un banc dans les jardins de la Cité où Ha nous raconte la légende de la RIVIERE AUX PARFUMS. Une jeune femme, éperdu d’amour, attend son mari qui est parti à la guerre. Il ne reviendra jamais, mais, pendant des années, elle continue tous les soirs à venir sur les rives de la rivière qui traverse Hué avant de s’y allonger pour mourir. Les villageois vont l’enterrer sur place et reviendront chaque année à leur date d’anniversaire de mariage répandre des pétales de différentes fleurs sur le fleuve – d’où son nom.
Visite du Musée de l’art royal, superbe.

Nous repartons en voiture, par les rues de cette belle ville et prenons les quais de la rivière. Ha nous raconte que beaucoup de Français vivent à Hué et cela ne nous étonne pas du tout.
Nous faisons halte à la PAGODE DE LA DAME CELESTE, construite en 1601 sur une colline surplombant la rivière. C’est la pagode la plus célèbre et ancienne d’Hué. Ce monument perdu dans une belle et paisible végétation invite à méditer dans un havre de paix. Elle se signale depuis la Rivière des Parfums par une haute tour octogonale de 7 étages évoquant les 7 réincarnations de Bouddha.

HA ajoute que si le Bouddha a un grand ventre — c’est qu’il est rempli des soucis des hommes, on pourrait donc le considérer comme le premier psy…. Elle nous donne aussi une explication pour les TROIS GENIES, gardiens des portes: il y a un seul génie du mal qui veut empêcher, punir et chasser les gens qui veulent faire du bien. Mais les deux autres génies lui tiennent tête !

Pendant que Mimi et Ha visitent encore un autre monument, à savoir le mausolée de Tu Duc qui s’élève dans une immense forêt de pins, je les attends sagement sur un banc au soleil. Il fait plus chaud à Hué qu’à Hanoi — et cette matinée culturelle m’a donnée faim !

Notre guide nous emmène dans un petit restau où nous ne serions jamais allées seules, tellement il ne paye pas de mine. C’est pourtant ici que nous allons enfin manger un excellent PHO BO avec viande de bœuf plus deux boulettes et saucisses. Nous nous régalons ensuite d’un yaourt à l’Aloé Vera, on adore. Tout est frais et bon.
Avant de repartir pour la suite du programme, nous nous arrêtons dans ce que je crois être d’abord une boutique à balais — qui sont en vérité des bâtons d’encens. On en achète en souvenir de ce jour.
Le programme de l’après-midi prévoit un petit voyage en voiture jusqu’au grand marais de DAM CHUON, niché dans la lagune de TAM GIANG à l’est d’Hué, afin de découvrir une grande communauté de pêcheurs, appelés les « aqua-mens ».
Vu l’expérience, d’hier, je crains le pire, mais c’est le meilleur qui nous attend : un grand beau restaurant sur pilotis et un jeune pêcheur avec qui nous allons étendre un filet (pas facile du tout). Ensuite, nous faisons du bruit : on chante, on tape dans les mains pour « réveiller le poisson ». Nous allons vers les nasses en bambou et il récupère le poisson. 2 petits sautent dans le bateau et je les remets discrètement à l’eau, contente de moi.


Rentrées en ville, HA nous donne des tuyaux pour des bons restaurants pas trop loin de notre hôtel. Hélas, comme c’est la fête des femmes, tous sont plein à craquer. Là, il s’agit de ne pas faire la fine bouche. Nous ne souhaitons pas acheter de la nourriture de rue, et nous nous contenterons d’un petit lieu, genre cafèt’ où des Français nous conseillent un hors d’oeuvre typique : « une sorte de galette avec des crevettes écrasées dessus ». Franchement pas mal pour un prix riquiqui.
Nous finirons la soirée sur un carrefour joyeusement bruyant (les femmes s’en donnent à cœur joie !!) assises à la terrasse d’un bistrot en sirotant d’abord une « Bia Hoi » rafraîchissante et ensuite un verre de sauvignon avec des frites – qu’on aime aussi au Vietnam 🙂
Jours 8, 9 + 10: HOI AN
Parties tôt ce matin de cette ville attachante, qui aurait vraiment mérité une journée de plus, nous voilà sur la « route des mandarins« . Elle est ainsi nommée parce que les hauts fonctionnaires du sud devaient l’emprunter pour rejoindre le palais impérial, et donc leurs postes, à Hué.

Pour le voyage, ils étaient portés en « hamac », entre deux chevaux. Notre voiture en a 130 minimum sous le capot – mais nous sentons que notre chauffeur n’est pas à l’aise dès que nous approchons de la Chaîne Annamitique. Plus de 1000 km de long, elle définit la frontière entre le Viêtnam et le Laos et elle rejoint ici la mer, au COL DES NUAGES. Le bien nommé, car pour la seule fois pendant notre voyage, il pleut un peu et surtout, la vue depuis le col est bien bouchée.

Pourtant, le voyage jusqu’ici a été tout à fait plaisant car – contrairement aux paysages plats des derniers jours – ici, il y a la forêt, la montagne, des cascades, on voit même un singe, c’est varié.
En plus, HA et moi parlons chansons et cinéma français – elle en connaît un rayon. Du « point of view », nous redescendons 20 km de virages, heureusement à petite allure. Nous passons par DA NANG, une ville d’un million d’habitants, très industrialisée, que nous trouvons interminable, car toute en longueur, et pas vraiment belle.
Arrivées à Hoi An, nous mangeons encore une fois une spécialité de la région : des larges pâtes avec herbes, poulet, du bouillon et des crackers. On mélange – c’est très bon. Nous goûtons aussi du lait de lotus qui nous plaît.
Je note qu’encore une fois – comme déjà avec Liên – les chauffeurs ne mangent jamais avec nous (à l’exception du déjeuner chez la famille Than).
Après le repas arrive la surprise du jour : notre guide nous amène chez « son » tailleur THANG LOI pour qu’on nous fasse – en 24 h chrono ! – deux tenues en soie et en lin pour un prix plus que raisonnable. Mais d’abord, nous devons écouter les explications sur la vie des vers de soie d’une femme parlant très bien le français.

Ensuite on nous prend les mesures en un temps record, nous choisissons le tissu, la qualité, la couleur, on paye et on s’en va. Notons qu’on ne peut absolument pas marchander – pas un seul € ! Mais cela ne me déplaît pas car c’est la première fois dans ma vie que je me permets un tel luxe !
Nous serons livrées demain à la même heure et les retouches – si nécessaires – seront comprises dans le prix. Les vendeuses sont adorables et nous guident bien, nous donnent des conseils pour transformer un peu nos modèles apportés. Le lendemain, je pourrai porter ma nouvelle robe pour la première fois.

Mais pour l’heure, nous allons suivre Ha pour une visite de cette ville millénaire, ancien port des royaumes cham. Nous partons dans les vieux quartiers, où se regroupent les plus belles maisons.
Par exemple, la maison de TAN KY, la première à avoir été classée monument historique, la plus ancienne et la mieux conservée de la ville. Construite au 19ème siècle, elle réunit l’architecture chinoise ET japonaise. Tout comme le charmant PONT JAPONAIS qui reliait les anciens quartiers chinois et japonais.


C’est après la visite du temple de PHUC KIEN, dédié au culte de la Dame céleste, protectrice des pêcheurs et des marins, que nous devons dire adieu à notre adorable HA qui a encore une longue route de retour à faire pour rejoindre les siens ce soir tard.


Nous rentrons à l’hôtel, nous reposer un peu (à nouveau dans une grande et belle chambre) pour ressortir à la tombée de la nuit. Arrivées près du fleuve Thu Bon, c’est le choc :

Quel bonheur, tant de beauté ! Par contre, il y a un monde fou, trop pour nous car nous avons une longue journée derrière nous. Un petit bistrot proche de l’hôtel, où nous trouvons une table surplombant le marché du soir (cette ville devient piétonne TOUS les soirs, pas seulement le WE) nous convient à merveille. C’est génial, on a l’impression d’être au cinéma, le film se déroule devant nous.

Je ne pensais pas que la palanche existait encore de nos jours, mais nous la voyons partout. Le Petit Larousse me dit que la palanche est « une perche en bois, droite ou légèrement courbée, pour porter sur l’épaule deux fardeaux fixés aux extrémités », comme support pour porter ces deux paniers, généralement remplis de nourriture.
Tout en mangeant des nems et des « prawns » délicieux, accompagnés d’un bon sauvignon tout à fait payable, nous écoutons de la musique « live » et regardons le flux des piétons – il y a plus d’autochtones que d’étrangers. Mais très vite, nous décidons que cela suffit pour une journée.
Le lendemain, il fait très beau et après un petit déjeuner aux fruits exotiques pris à côté de la piscine, nous goûtons d’abord un bon moment la vue depuis notre chambre. Ensuite, nouvelle excursion en ville.

Hélas, nous déchantons vite un peu car même si la déco des lampions dans les arbres est jolie, même au soleil, les rues principales sont partout pareilles, les boutiques se ressemblent avec lampions et vêtements. Et la foule est compacte. Seuls les pâtes qui sèchent à l’air et au soleil, sont – si l’on veut – « originales »…. Nous décidons de faire un break et restons tout l’après-midi à nager dans notre piscine où nous sommes seules, quelle chance !



HA nous a conseillé, avant de partir, d’aller manger dans un restaurant nommé « CO MAI » et dirigé par un chef breton, Didier Corlou. Nous sommes donc très excitées à l’idée de le découvrir. Le menu est à 500.000 Dong. Les hors d’oeuvres sont un pur régal, aussi bien pour les yeux que pour le palais.

Pendant que le chef s’occupe d’une table d’amis, Madame vient nous faire un brin de causette et j’ai l’imprudence de dire que je tiens un blog de voyages et que je chante. Avec l’effet qu’une serveuse m’a écoutée, le raconte à une femme de chambre de notre hôtel et que le lendemain matin, je suis accueillie au desk par un tonitruant « So, you are a singer??? »
Nous fuyons à la plage de AN BANG où l’eau est encore trop fraîche pour nous mais bronzer sur le transat et nous balader les pieds dans l’eau de la Mer de Chine est tout de même bien agréable. En Allemagne, il a neigé aujourd’hui…!

Nous repenserons avec plaisir aux journées passées dans cette ville.

JOUR 11 : CAN THO
Second vol intérieur, car nous partons pour le MEKONG. Can THO, la plus grande ville du delta, s’étale au bord de l’un des neuf grands bras du fleuve. Ses 3 millions d’habitants vivent essentiellement des activités fluviales et de la riziculture. Can Tho est à ce titre considérée comme le « grenier de riz » de la région. Nous sommes accueillies par notre nouvelle guide NHUNG et le chauffeur nous amène dans un restaurant avec terrasse en bord du Mekong où un déjeuner, commandé par ‘Amica Travel’ nous attend : Soupe de légumes, beignets de fleurs de courgettes farcies, poulet au citron, poisson au caramel, riz et fruits. Nous apprécions. Installation à l’hôtel « Lighthouse » où nous avons un très joli appartement avec un balcon d’où l’on peut voir – en se penchant – le fleuve. Et l’un des grands marchés de nuit s’installera le soir juste sous ma fenêtre.

Pour l’heure, nous allons visiter la PAGODE DOREE du sanctuaire Théravada et son (petit) Bouddha couché. Construit en 1672, c’est un haut lieu de la communauté KMER de la région.


Ensuite, nous allons admirer la plus vieille maison de la ville appartenant à la famille BINH THUY. Six générations y ont habité, et elle a été pendant une semaine le décor rêvé pour que J.J. Arnaud y tourne « L’amant », la scène où l’amant se recueille devant un homme fumant une pipe d’opium sur un lit.


Retour en ville pour une belle promenade le long du fleuve à la nuit tombante, très agréable.


L’hôtel nous propose de la « cuisine française » avec amuse-bouche, nems et rouleau de printemps, ainsi qu’un bon Chardonnay et du Brie à la truffe !! On ne sait plus où donner de la fourchette – et en prime, nous regardons par-dessus la balustrade dehors les passants et les vendeurs avec leurs ballons (un toutes les 3 minutes).


Je trouve le rond de serviette si joli et design que je demande la permission d’en garder une paire comme souvenir, ce qui sera accordé avec le sourire. Quelle hospitalité !
JOUR 12 : SADEC + BEN TRE
Si ce n’est pas le luxe, de naviguer sur le MEKONG en bateau privé, pour aller voir le marché flottant de CAI RANG, je ne sais pas. A l’heure où nous démarrons, il n’y a presque plus personne car le commerce se fait à partir de 4 heures du matin. Les grossistes mettent en haut de leur mât les fruits et les légumes qu’ils vendent. Très pratique pour les clients. De toutes petites embarcations passent pour vendre un deuxième petit déjeuner car ils se lèvent tôt.


Au retour, NHUNG nous explique que ces « tiny houses » ne font pas plus de 4m de large à cause des impôts qui augmentent à chaque mètre. Maintenant, nous partons pour SADEC, petite ville célèbre pour ses plantations de fleurs et de bonsaïs. Mais nous n’avons pas de chance, la pépinière que nous visitons n’est pas aussi luxurieuse que j’avais imaginé. Déjeuner dans un restaurant simple local, en face de l’école primaire où la mère de Marguerite Duras enseigna.

Nous continuons notre route pour GIONG TROM, au coeur du delta du Mékong, dans la province de Ben Tré. Cette région est une espèce de jardin exotique où s’enchevêtrent d’innombrables canaux. Nous avons hâte de découvrir cela, car à présent nous ne roulons plus sur une route mais sur un chemin qui mène au LODGE GIONG TROM. Là, m’attend une vraie surprise car notre voiture ne peut pas aller plus loin et il y a environ 300m à faire à pied jusqu’à l’hôtel. Comme notre guide a informé le directeur de mon handicap, il a envoyé gentiment un de ses boys en vespa pour m’amener. YOUPI !

C’est ainsi que j’arrive avant Mi et Nhung qui me trouvent assise en sirotant le lait de noix de coco que le directeur nous offre en cadeau de bienvenue. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. D’abord la chambre, immense avec un baldaquin comme dans les contes de fées (dans lesquelles les moustiques sont absents !).


Ensuite le jardin exotique luxuriant avec une piscine comme je n’ en avais jamais vue !

Trois surprises nous attendant ici. D’abord, nous sommes priées de nous retrouver au bateau à 17 heures pour aller admirer le coucher de soleil sur le Mekong. Avec grand plaisir ! Comme à chaque voyage, j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses (pas forcément des dates historiques). Dans cette région du Vietnam ce sont les « cocotiers de l’eau » qui ont besoin à la fois de l’eau douce et de l’eau de mer pour prospérer et qui poussent à profusion dans les méandres du delta. C’est bien sûr Nhung qui nous raconte cela.


Ce coucher de soleil est tout aussi poétique et émouvant que celui sur la Baie d’Halong et pourtant complètement différent. Quelle chance de pouvoir vivre tout cela !

Revenues au lodge, la seconde surprise sera – un cours de cuisine ! L’une des participantes fait de la farine de riz avec une sorte de grand moulin à pierre où l’on a mis le riz à tremper préalablement pendant 8 heures. Il en sort un liquide blanc qu’on mélange à une espèce de Maizena, du curcuma et du lait à coco. Tout cela donne une pâte à crêpes et maintenant, nous devons confectionner NOTRE « crêpe fourrée »: huiler la poêle, faire revenir des crevettes, mettre une louche de pâte à crêpes puis dessus des germes de soja. Quand la crêpe est dorée dessus, on la plie et on la déguste avec l’apéro, mmmmhh !

Mais ce n’est toujours pas fini, car après un très bon dîner, nous attend la troisième surprise qui consiste en un long bain de pieds chaud qui nous emmène rapidement au pays des rêves. Ils savent prendre soin de leurs hôtes ici, c’est merveilleux.
JOUR 13 : LE DELTA DU MEKONG
Après une douche à peine tiède – panneaux solaires obligent – et un petit déjeuner tout en douceur, nous voilà parties pour une belle journée en voiture d’abord, en bac et en bateau à rames ensuite et finalement en tuck-tuck ! Première halte : de pauvres hommes cassent et décortiquent les amoncellements de noix de coco. Avec une « jambière » sur laquelle ils éclatent la noix et jettent les fibres qui l’entourent pour faire un autre tas. Ils peuvent en casser 1000 à 1200 par jour pour un salaire de 200.000 Dong – soit 8 € pour 8 heures de travail. Et pas de retraite bien sûr… Pas de photo par respect pour eux.

Un bac nous amène à une fabrique du charbon actif (pour purifier l’eau par exemple) et avec les coques et le fibres des noix de coco, ils font de l’engrais biologique.

Pour changer, on reprend le bac pour nous amener chez une dame vietnamienne qui nous attend pour nous faire déguster un gâteau fait maison avec du thé au miel (et pas au gingembre, hourra !) et au kumquat. Nous apprenons plein de choses sur les fruits exotiques que nous goûtons avec plaisir : le jacquier qui peut peser jusqu’à 36 kilos, les pomelos qui sont différents des nôtres, le fruit du dragon, le longane – c’est très plaisant. Depuis cette Île de Tam Hiep, nous prenons un sampan (cette fois, c’est un homme qui rame !) et commence un voyage inoubliable à travers les arroyos à l’ombre des cocotiers d’eau. C’est encore mieux que le Spreewald et le Marais Poitevin, c’est dire 🙂

Nous sommes seules à bord avec notre « rameur », personne ne parle, c’est un moment méditatif à part. Impressionnant !
Une surprise nous attend après ce voyage enchanteur : un tuc-tuc, qui transporte normalement des noix de coco, va nous transporter dans une plantation de plantes médicinales. Afin de me faciliter la montée, on a ajouté une chaise – je suis émue de tant de sollicitude ! Et nous rigolons aussi un bon coup.


Heureusement, nous pouvons nous tenir au grillage du Tuc-tuc car les chemins ne sont pas de tout repos. Nous sommes enchantées par la nature ambiante mais tout de même un peu secouées quand nous arrivons dans la ferme de plantes médicinales « Triliacra Trianda ». Le propriétaire explique à Nhung qui nous traduit que les plantes SUONG SAM, dont nous cueillons quelques feuilles sont mélangées à l’eau dans une centrifugeuse.

Soit on boit la mixture (un peu amère) soit on attend 20 minutes qu’elle se gélifie pour manger la gelée ou pour l’utiliser comme masque de beauté. Ce que nous allons faire en rentrant à la maison – même si c’est illusoire de vouloir une peau aussi blanche et transparente que la dame de la photo : c’est l’idéal de la beauté dans ce pays.

Pour l’heure, nous sommes conviées à déjeuner dans la demeure de Madame Ut Trin qui dirige dans un endroit magnifique, au bord du fleuve, une maison avec chambres d’hôte.

Cette dame a une recette aussi spectaculaire qu’agréable : elle prend des morceaux du grand poisson « aux oreilles d’éléphant » sur son présentoir, pour les rouler dans une feuille de riz et en faire un rouleau de printemps.


Bien sûr, il y aura aussi de la soupe, du poulet au citron, du riz, des fruits….nous demandons grâce et à Nhung de nous commander un « demi-dîner » ce soir au lodge, on ne peut pas manger autant. Après un très agréable moment passé avec 3 chiots dans des transats au bord du Mékong, nous rentrons au lodge pour nous baigner dans cette piscine fabuleuse sous un baldaquin de palmiers. Cet endroit est vraiment unique.

JOURS 14 + 15 : SAIGON
En quittant cette attachante région du Mékong, nous nous arrêtons dans une belle petite entreprise familiale qui produit et travaille la noix de coco pour en faire des petits objets utiles, parfaits comme souvenirs. Je demande à Nhung de m’aider à faire une belle photo d’un champ de riz mur, car dans le Nord c’était encore trop tôt, toutes les rizières étaient vertes. Bêtement, j’avais pensé que les champs de riz seraient blancs – il n’y a pas mieux que les voyages qui forment la jeunesse !

Et nous voilà à SAIGON–HÔ CHI MINH-VILLE, avec plus de 8 millions d’habitants et une circulation encore plus dingue qu’à Hanoi. Quand vous êtes à un feu rouge, les voitures s’arrêtent pour vous laisser passer — mais les deux-roues ont le droit de continuer ! C’est absurde, mais c’est ainsi. Heureusement, pour l’heure, notre chauffeur nous amène à travers le quartier chinois CHOLON (1,5 millions d’habitants) jusqu’au marché de Bên Thanh qui est encore plus grand que celui de Hanoi et où j’aimerais acheter des kilomètres de velours. Mais on n’a pas le temps.


Revenues à la voiture, nous trouvons notre chauffeur blême. Il a stationné dans une zone interdite et a écopé d’une amende d’un million de Dongs. Il a le choix entre payer l’amende ou — un retrait de permis de DEUX mois. Soit il perd son travail, car son patron ne l’aidera pas, soit il paye. C’est là où nous nous souvenons que 1 million VND = 40 € et nous donnons discrètement chacune un billet à Nhung. Elle le donnera au chauffeur quand nous serons en visite pour ne pas froisser son honneur.
Nous poursuivons notre visite en passant par les rives de la rivière Saigon (Sông Sài Gòn), l’artère principale et rapide de Hô Chi Minh-Ville, bordée de gratte-ciel modernes et d’immeubles de bureaux.

Arrivées dans l’ancien quartier colonial, nous visitons le Palais de la Réunification avec ses 75 pièces (qui me rappelle furieusement le « Palast der Republik » à Berlin-EST, capitale de la RDA) et la très belle Poste Centrale. Construite sur la Place de la Commune par l’administration des Postes françaises entre 1886 et 1891, elle est encore le bureau de poste principal de Saigon. Sa charpente métallique fut conçue par Gustave Eiffel.

A l’intérieur, au-dessus des cabines téléphoniques, qui fonctionnent toujours, on trouve une carte des lignes télégraphiques de la région.

Arrivées à notre hôtel, le chauffeur saute de la voiture pour demander à un groom de nous prendre tous en photo, tellement il est heureux de notre aide. Il prend Mireille dans ses bras et me fait plein de courbettes. Nous sommes ravies d’avoir pu l’aider et je crois que cela se voit.

Mais ce n’est pas cette image que je garderai en moi de Saigon ni celle du soir de notre « roof-top » avec mini-piscine et vue sur l’opéra.

Non, ma gratitude va à un endroit unique à Saigon, un merveilleux mélange de fleuriste et de restaurant, où nous avons été invitées par notre agence de voyage pour un dernier repas. C’est tout petit, il y a peu de tables, mais la nôtre nous attendait.

Nous avons eu droit à toute la délicatesse et à la beauté dans la confection d’un repas que ce pays peut offrir à ses visiteurs. Un plateau tournant avec des mets authentiques, délicieux et des fleurs qui s’invitent à table ! J’espère que vous aurez la chance, un jour, de vous restaurer au PADMA DE FLEUR, je suis sûre que vous serez enchantés comme nous l’avons été. Quelle fin originale et magnifique pour notre voyage !

