Incroyable : les grèves reprennent ! Cela doit signifier qu’à Paris nous sommes presque revenus à la normale, non ? Après des mois de grève de la SNCF et des Gilets jaunes en 2019, après deux confinements et le Covid, aujourd’hui, une partie du personnel du Musée CARNAVALET, situé dans le beau quartier du Marais, veut être mieux rémunérée. Cinq ans de rénovation – pour 58 millions d’euros – et maintenant cet hôtel particulier du XVIIe siècle a enfin rouvert ses portes. J’aimerais voir cela tout de suite.

Chez moi, là-haut, je dois faire très attention car les premiers touristes viennent d’arriver et les rues sont étroites.

Je descends donc à vélo depuis Montmartre au centre de Paris par un beau soleil d’été, malgré l’avertissement par SMS de la direction (« Nous négocions avec le personnel, mais… »). J’ai de la chance, tout va bien, j’entre sans encombre.

Un hall d’entrée presque vide m’attend dans ce musée, que l’on pourrait aussi appeler le théâtre de l’histoire de Paris. Un fantastique escalier scandinave très moderne monte au fond de la salle, avec lequel les anciennes enseignes de corporation en fer forgé forment un charmant contraste. Je laisse de côté le sous-sol – des origines de la ville jusqu’à la fin du Moyen-Âge – et me dirige immédiatement vers le premier étage (XVIe-XVIIIe siècle). Les pièces se succèdent et m’émerveillent, qu’il s’agisse du bureau de Voltaire et de son fauteuil ou du salon de musique de Madame de Sévigné, qui a habité ici pendant des années.

Chaque pièce est conçue comme un décor de théâtre. Les nobles de la ville y affichaient leur richesse et leur goût, que l’on retrouve également dans le jardin de style baroque. On peut s’y reposer et s’y restaurer. Et le plus beau : l’entrée dans la collection permanente du musée est gratuite, même si, comme partout ailleurs, il faut réserver à cause de la pandémie.
Après cette visite, je me repose un moment dans l’un des nombreux cafés de rue du Jardin du Luxembourg. Ils nous ont terriblement manqués, nos cafés, car ils participent en grande partie au charme de notre ville, qui plus est avec ces visiteurs câlins…

Je continue ensuite vers le GRAND PALAIS EPHEMERE, situé sur la rive gauche de la Seine, en face de l’École Militaire. Il s’agit d’un bâtiment flambant neuf, esthétique et « éphémère », en verre et en bois, qui fait 10.000 m², et peut accueillir 9.000 spectateurs. Il remplacera l’ancien Grand Palais, en restauration, jusqu’aux Jeux olympiques de 2024. Il sera le théâtre des défilés de mode Chanel ainsi que du concours hippique de Hermès et des combats de judo olympiques. C’est un palais cruciforme, esthétique ET écologique, construit en seulement 8 mois, qui sera démonté après utilisation et reconstruit ailleurs ou vendu.

Malheureusement, je ne peux le contempler aujourd’hui que de l’extérieur, car les premiers événements n’y auront lieu qu’en juillet. Ce bâtiment a d’ailleurs été construit sur un terrain historique, l’architecte Jean-Michel WILMOTTE l’a en effet installé à l’endroit même où se trouvait le « Palais de l’électricité et de la lumière » pour l’Exposition universelle de 1937.
A l’époque, l’EDF française a commandé au peintre Raoul DUFY le tableau monumental « La fée électricité », dans lequel l’artiste a porté son amour de la couleur à un sommet sans précédent. Avec son frère Jean et à deux mains (!), il a peint en seulement 10 mois le plus grand tableau du monde de 600 m², haut de dix mètres.

Il se trouve aujourd’hui, également restauré, au Musée d’Art Moderne. L’entrée est également gratuite pour cette œuvre d’art. Je la trouve magnifique et j’achète un livre sur ce peintre que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Le lendemain, je vois une affiche qui annonce une exposition de ses œuvres dans « mon » MUSÉE DE MONTMARTRE. Ça tombe bien !
La vaste terrasse à côté du Musée d’Art Moderne est divisée en deux parties distinguées : un restaurant et une pizzeria « bambini », ouverte midi et soir. Les prix sont tout à fait corrects pour ce lieu exceptionnel où la vue sur la Seine et la Tour Eiffel est gratuite…

Une rue plus haut se trouve le musée de la mode GALLIERA, où l’on peut admirer actuellement une exposition des créations de Coco Chanel

et ensuite se restaurer sur une belle terrasse de jardin avec vue sur la « dame de fer ».

Puisque nous en sommes aux plaisirs de la table, j’ai eu le plaisir de fêter avant-hier, dans l’un des grands restaurants parisiens, les cinquante ans de notre amitié avec mon ami Jean. Il était venu m’encourager en 1971 au pub « Ten Gallons », où j’avais dû passer une audition pour le patron Bruno Coquatrix, le tout-puissant patron de l' »Olympia ». J’ai été engagée le soir même pour deux mois. Nous avons choisi pour cette occasion l’Institut culturel latino-américain, boulevard Saint Germain, dont le restaurant « RECH » vient d’être repris par le chef Alain Ducasse.

Nous sommes accueillis par tout le personnel, comme si nous étions des hôtes de marque qui leur avaient manqués. Le jardin élégant, à l’abri des regards, est impressionnant, le temps est magnifique et le menu de midi, au prix très raisonnable de 44 €, est tout simplement divin. Nous nous régalons avec entrain !
Les « rooftops » poussent partout comme des champignons ! L’un des plus beaux est celui du TERRASS’ HÔTEL, d’où l’on a une vue imprenable sur Paris. À partir de 15 h, on y propose de délicieux cocktails et snacks.

Pour l’instant, le restaurant est encore fermé à cause du virus, mais dès qu’il rouvrira, je me précipiterai avec délectation sur leur brunch dominical qui, pour 45 €, propose des mets à la fois exquis et réconfortants !
Si la météo est moins clémente, je recommande vivement le restaurant de la TOUR MONTPARNASSE, car la vue y est tellement époustouflante que le grand air nous manque à peine. Je conseille de réserver de manière à pouvoir profiter à la fois du crépuscule (si possible avec le coucher du soleil !) et de l’illumination de la ville.

Mais revenons aux nouvelles de Paris. Le clou de ces deux dernières semaines a été sans conteste la réouverture de la SAMARITAINE. Bien que « la Samar' », comme on l’appelle affectueusement, soit le plus petit de tous les grands magasins parisiens malgré ses quatre bâtiments, l’affluence dans le plus ancien et le plus beau bâtiment a été énorme. Situé directement sur les bords de la Seine, il a été désamianté et restauré pendant 16 ans. Sa vieille devise, que tous les enfants connaissent vraiment ici – « On trouve TOUT à la Samaritaine » – je ne peux que la confirmer dès qu’il s’agit d’articles de luxe. Ici, tout le rez-de-chaussée leur est réservé. Premier étage : Dior, Lanvin, Armani, Gucci etc. pour les femmes, avec des prix vertigineux, tout comme les « lunettes et bijoux » au troisième étage. Entre les deux, la mode masculine. Puis, au cinquième étage, vient le magnifique ‘hall de promenade’ sous le toit de verre, gardé par son unique fresque de paons.

Comme l’hôtel, le restaurant et la terrasse qui font partie du complexe n’ouvriront que le 13 septembre, je ne peux malheureusement pas prendre de photos de la vue. Mais les charmants jeunes gens qui m’accueillent à l’entrée du magasin et qui m’assurent, rayonnants, qu’ils sont très heureux de ma visite, me consolent en me signalant « le grand mur vidéo ». Voilà qui est vraiment quelque chose de particulièrement agréable ! Depuis une sorte de petit hall aux coussins délicieusement confortables, on peut suivre – via des caméras vidéo installées à l’extérieur – avec précision les bateaux qui passent en bas de l’immeuble et on a là aussi une vue unique sur la ville.

Pendant que je me repose et que je me réjouis du spectacle toujours renouvelé, je réfléchis brièvement à tout ce que j’aimerais encore voir dans les semaines à venir : le château avec la fondation écologique de Yann Arthus Bertrand dans le bois de Boulogne ; le nouveau lion VOLCAN dans le Zoo du bois de Vincennes (qui a un harem de trois lionnes auprès de lui) ; la BOURSE DE COMMERCE réaménagée, présentée dimanche dernier sur ARTE avec la Fondation d’Art Moderne de François PINAULT ; l’exposition de photos d’HENRI CARTIER-BRESSON dans la bibliothèque de François Mitterrand ; le fabuleux HÔTEL DE LA MARINE fraîchement restauré sur la place de la Concorde et… . ah, c’est tout simplement merveilleux de profiter à nouveau de cette ville après ces mois qui semblaient interminables sans la culture !
P.S. Pour finir sur une note amusante et croustillante : les discothèques sont toujours fermées, mais les « établissements libertins« , où des adultes sans complexes peuvent s’amuser entre eux et avec d’autres, ont rouvert depuis des mois, car ils ont été classés « essentiels » – comme le pain et le vin, mais pas comme les théâtres et le concert !! Ach, l’amour… !