Nous partons de Saint-Maur sous un ciel d’un bleu éclatant, sans un nuage, et par 20 degrés. Vite fait, j’achète à notre boulangerie une baguette pour le pique-nique, puis nous partons avec notre cri de guerre habituel : « En route pour de nouvelles aventures » !
Alors que nous traversons des rues vides jusqu’à l’autoroute quasi déserte, je pense à mon anniversaire, il y a 9 mois. Ce jour-là, j’ai reçu comme cadeau de ma meilleure amie un bon d’achat, ce qui est déjà inhabituel. Ce qui était encore plus original, c’était ce qui était écrit dessus :
Bon pour une visite au CHÂTEAU D’ISLETTE, suivie d’un dîner avec nuitée dans un ‘Hôtel de charme’ avec Spa
Wow, quelle idée superbe!
Mon ami Jean – avec qui j’ai fêté nos 50 ans d’amitié il y a deux mois – nous avait tellement parlé de ce château et nous avait prêté un livret à ce propos, que nous avions décidé spontanément d’aller y faire un tour. Mais le Covid et le printemps très froid et pluvieux, suivi d’un été pas vraiment surchauffé ont annulé ce projet jusqu’-ici. Et encore nous avons eu de la chance dans notre malheur : 5 jours chauds et ensoleillés en Allemagne, quatre jours chauds et ensoleillées en Provence et depuis jeudi, nous en sommes déjà à notre quatrième belle journée, ce qui fait tout de même presque deux semaines d’été..!
Mireille a également eu l’excellente idée d’entreprendre cette excursion aujourd’hui, car le 15 août est traditionnellement la date à laquelle de nombreux Français partent du sud vers le nord car pour eux les vacances sont terminées. Mais nous nous dirigeons vers le sud-ouest et ce dimanche, il n’y a guère de camions sur la route. Au bout de trois heures et demie seulement, nous sommes déjà à Azay-le-Rideau et tournons sur le parking du château. Nous sommes très excitées car nous avons hâte de découvrir ce site !

Nous sommes tout de suite enchantées par l’idylle qui s’offre à nos yeux : le parc, la rivière Indre avec ses bateaux à rames, étreignant amoureusement le château, et bien sûr la demeure elle-même – magnifique ! Au début, il n’y avait que le petit moulin (à gauche du château) dans lequel les fermiers environnants étaient autorisés à moudre leur grain moyennant une redevance au seigneur féodal.

René de Maille fit construire le château dans les années 1530/36. Après sa mort, il appartint d’abord à ses descendants, puis à la noblesse locale. Cependant, le château n’est devenu célèbre que dans les dernières années du XIXe siècle grâce à l’histoire d’amour assez mouvementée entre Camille CLAUDEL et Auguste RODIN.
Les propriétaires actuels sont Pierre-André et Bénédicte Michaud, qui en ont hérité de leurs parents. Ils ont fait moderniser le bâtiment dans les années 1960. Depuis dix ans, ils ont gentiment rendu le château accessible au – et pas seulement le week-end, mais tous les jours pendant 5 mois consécutifs !

Pendant ce temps, la famille vit dans des dépendances et utilise le droit d’entrée, modéré, exigé des quelque 250 visiteurs quotidiens pour poursuivre progressivement la restauration du château. De plus, Madame propose des cours de peinture à l’aquarelle et ses oeuvres sont aussi vendues par sa fille dans la boutique du petit moulin. Puisque nous sommes en plein dans le dossier « réfection des caves » de la maison de Mireille, nous pouvons à peu près imaginer les sommes faramineuses que représente une telle propriété de 14 hectares… !

Au rez-de-chaussée se trouvent l’ancienne « salle de la garde » et la chapelle déjà restaurée. Un large escalier en colimaçon permet de monter à l’étage et d’accéder à la magnifique salle qui nous coupe le souffle. Elle mesure 14 m de long, 8 m de large et 5 m de haut ! La double rangée de fenêtres latéraux laisse entrer les flots de lumière. Malgré les cordes de sécurité au milieu, cette pièce ne me fait étrangement pas l’effet d’un musée, comme c’est souvent le cas dans les châteaux. J’aimerais bien donner ici un petit concert pour la famille en hiver.

Nous continuons par la salle à manger et la cuisine. Grâce aux touches de couleurs modernes et à la lumière abondante, ainsi qu’aux vues sur le jardin et le parc, ces pièces dégagent elles aussi une joie de vivre qu’on ne soupçonne pas dans de tels murs. Dans la salle à manger se trouve la célèbre « Petite châtelaine » de Camille Claudel. Elle vint à 17 ans auprès de Rodin, âgé de plus de 40 ans, pour apprendre le métier. Elle l’a supporté pendant dix ans, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’il ne quitterait jamais sa compagne Rose Beuret pour elle.


La cuisine est un exemple réussi illustrant comment l’argent plus le bon goût peuvent combiner harmonieusement l’ancien et le nouveau. Les aquarelles sont toutes de la maîtresse de maison.

Nous sommes un peu étonnés d’avoir même accès aux chambres et à la salle de bains de la famille. J’ai un faible pour la « chambre de princesse ».

Et la salle de bain est tellement magnifique que j’ai envie de la faire transporter chez moi tout de suite !


Très émoustillées par tant de beauté, nous nous promenons dans les jardins du château avant de nous installer confortablement pour notre pique-nique. Ici aussi, les visiteurs sont amicalement accueillis : partout des petites tables avec des chaises et des chaises longues, que l’on peut facilement transporter à l’endroit souhaité, invitent au far-niente.


Pendant que nous festoyons, Madame Grimaud passe avec sa petite-fille qui est habillée comme une enfant « d’autrefois » et coiffée d’un grand chapeau de soleil. Nous la saluons et la remercions de nous avoir donné l’occasion de nous asseoir et de manger ici. Elle nous remercie tout aussi gentiment d’être venus. Classe !

Après une petite sieste dans une chaise longue avec vue sur le moulin et le lac, nous partons à travers la campagne estivale, sur de petites routes, souvent avec de belles vues sur la majestueuse Loire, vers Mosne.
C’est un tout petit coin situé entre les châteaux d’Amboise et de Chaumont et notre hôtel « de charme » s’appelle très élégamment « Domaine des Thomeaux ». Chaque chambre a un nom et, chose amusante, nous n’obtenons pas la chambre tyrolienne mais la chambre chinoise.


Après avoir longuement profité du spa et nous être ensuite un peu reposés, nous dînons avec plaisir sur la terrasse au soleil couchant et terminons ainsi cette magnifique journée.


Le lendemain matin, autour d’un splendide buffet de petit-déjeuner, nous décidons de ne pas visiter le célèbre zoo de Beauval aujourd’hui, car il bruine et il fait désagréablement frais.
Ainsi nous avons déjà la perspective d’une nouvelle excursion !